BISON ARDENT
Bison ardent
Cette nuit, j'ai fait ce rêve magnifique :
Je dormais sous mon tipi lorsque j'ai entendu un grondement immense. La terre s'est mise à trembler dans le petit matin. Après quelques instants de stupéfaction, j'ai entendu les cris de joie de mes frères et soeurs et je suis sortie encore toute engourdie de sommeil. Là-bas à l'Est un nuage de poussière s'élevait dans la plaine. Oh la joie de mon peuple ! Des bisons par centaines ! Des bisons libres de parcourir la Terre, de fouler les cheveux de Terre-Mama !
Et les chasseurs se sont mis en marche silencieusement, contre le vent. Mais les tambours ont résonné appelant l'Esprit des Bisons a être clément afin que le peuple soit comblé et les Bisons consentants, en tous cas ceux dont la tribu avait besoin pour sa vie. J'ai vu quelques bisons tomber sous les flêches des chasseurs, j'ai vu les femmes pleurer de joie à l'idée de tout ce qu'elles feraient à partir de toutes les parties des animaux, car tout est utile pour les peuples dits "premiers".
Je me suis alors réveillée, dans mon lit breton... ce n'était qu'un rêve ! Hélas me suis-je dit ! Les bisons ne sont plus que l'ombre d'eux mêmes et mes frères Amérindiens réduits à vivre parqués dans des réserves.
Frères Bisons, vous avez été sacrifiés sur l'autel de la conquête des blancs, Buffalo Bill et ses semblables vous ont tué par centaines afin d'affamer les Amérindiens des Plaines. A votre image, La Nature est chaque jour détruite ici ou là au gré des demandes toujours croissantes qui poussent des peuples, vivant autrefois en harmonie avec la Terre, à déraciner des milliers d'arbres, à creuser le sol pour en voler les richesses, à tuer au-delà du nécessaire, à détruire l'humus sur lesquels ils vivent et à polluer l'air.
L'Amérindienne en moi s'indigne des comportements de l'humain qui le poussent à couper la branche sur laquelle il est perché sans aucune reconnaissance pour sa mère la Terre. Et pourtant : Terre-Mama ne nous a-t-elle pas toujours donné le meilleur d'elle-même ? Terre-Mama ne nous accueille-t-elle pas comme une mère aimante quelle que soit notre personnalité ? Comment oublier l'amour avec lequel elle nous porte sur son dos et nous prodigue ses bienfaits ?
Frère Bison que ton Esprit guide mes pas et mes mots, que vivent en moi mes frères rouges qui respectaient leur Mère et que vienne le temps de la Terre Nouvelle afin que le vivant soit vivant !
Colette-Eléanor Leclercq
