Chante la Louve !

Dans ce jour de beauté, je vais dans le bois à pas de loup, car je ne suis qu'une invitée de passage sur la Terre qui m'accueille dans son immense bienveillance et dans ce bois que je découvre pour la seconde fois.

Je perds toute notion de temps qui me semble suspendu, pas de rendez-vous dans la journée, j'ai tout le temps. Je vais deci delà au gré de mes pas qui jamais ne m'ont trahie mais m'ont toujours guidée là où je devais être.

Je suis le chemin et j'arrive à un pittoresque hameau, un vieil homme s'occupe de son potager devant sa maison branlante. Quel charme dans son jardin !! Il y met certainement plus d'attention que dans sa maison qui semble prête à s'effondrer, mais qu'importe peut-être pour lui, sa demeure est la nature, son toit, le ciel, son lit la Terre.

Un oiseau chante dans les bambous juste au-dessus de moi, peut-être une fauvette... Son chant glisse en moi comme une cascade de joie et je lui souris.

Un ruisseau chantant m'interpelle un peu plus loin. Charmant, il rit au milieu des herbes folles. Je le suis autant que je peux, je chante avec lui un air guilleret. Nous voilà tous deux allant vers un horizon dont ni les eaux ni moi-même ne savons où il se trouve. Qu'importe, le courant de la vie est là, il est juste de le suivre.

Courant coloré des mille reflets de la vie qui le bordent, couleurs changeantes, dansantes dans le lit du ruisseau que le moindre rayon de Soleil vient illuminer.

Je laisse mon ami le ruisseau continuer sa course, car il se perd sous les ombellifères et je ne peux l'accompagner plus avant.

Je rebrousse chemin dans la joie de cette rencontre, entre à nouveau dans le bois et prends un autre chemin. Je passe devant un hêtre magnifique. Je ne m'en approche pas, le temps n'est pas venu.

La sente monte pour aboutir à une route herbeuse de campagne. Et là, Ô merveille ! M'attendent des orchidées dans la splendeur rayonnante du Soleil ! Comme la nature est belle et généreuse, oui, elle l'a toujours été, et j'en suis émue chaque jour. Tant de beauté, de générosité, de génie dans ces règnes qui ne sont pas tout à fait les nôtres mais dont nous dépendons. Oui, nous dépendons et pas l'inverse !

Je redescend le sentier et vais vers le hêtre à qui je demande humblement l'autorisation de m'approcher. Il me répond d'un souffle doux dans mon cœur qui vient me caresser tendrement. Les arbres.... J'ai toujours eu beaucoup de tendresse pour eux, une grande reconnaissance et un grand respect. Je vais vers celui-ci le cœur offert, je n'attends rien de lui, je n'aime pas prendre, je ne suis pas un prédateur. L'arbre n'a pas poussé pour moi, mais pour la vie. Je pose délicatement mes mains sur son tronc ainsi que mon front et lui envoie toute ma reconnaissance. A travers lui, je remercie tous les arbres du monde.

Nous passons ainsi un temps délicieux, notre communication s'est installée je vais dans ses racines, dans son tronc, dans ses feuilles. Il m'invite à sa rencontre et je m'ouvre à lui, il me visite également. Nous voici frère et sœur en Création.

Et puis, doucement je le remercie de ce partage et m'écarte de son tronc. J'ai envie de le photographier pour garder en mémoire ce moment, et voilà que sur ses branches des présences mises en évidence par le Soleil s'offrent à moi. Je les ai croisées dans mon parcours arboricole, mais elles sont là qui se laissent photographier. Parfois c'est juste une densité, parfois la lumière qui joue dans les branchages.

L'amour est là au coeur de l'arbre qui se donne sans compter, les douces présences se montrent par moments profitant de la clarté du Soleil pour nous faire des clins d'oeil !

Parfois les formes de l'arbre, de ses branches, des mousses et lichens qui l'habitent suggèrent des animaux, des fées, des personnages mythiques,je ne cesse de m'émerveiller et d'observer ce qui m'entoure, en tout lieu, même en ville, car même en ville la Nature est présente.

Je remercie et m'en retourne à la voiture le cœur joyeux.

Je suis enfant de la forêt, je chante avec les oiseaux et murmure avec les ruisseaux.

J'entends le chant des feuilles dont le vent se sert comme d'une harpe immense, j'entends les Esprits qui la peuplent et le chant des oiseaux qui me parle à l'oreille et me dit le bonheur d'être ici-bas.

J'entends la souffrance des arbres abattus et je m'en révolte. Comment pouvons-nous détruire tant de beauté, comment pouvons-nous avoir si peu de respect pour la nature ? Comment pouvons-nous détruire la vie démesurément ? Comment nous étonner ensuite que les rivières débordent ? Que des coulées de boues dévastent des villages ?

Nous sommes gardiens de la Terre et nous sommes à son service, ne l'oublions jamais.

Merci, grand merci Terre-Mama, Mam Douar, d'avoir si peu de rancune à l'égard de tes enfants !

Colette Leclercq